Opinions sur l’allocation d’actifs – T2 2022
Thèmes et implications évoqués lors du Sommet stratégique Multi-Asset Solutions
John Bilton
Synthèse
- Le resserrement de la politique monétaire, la guerre en Ukraine et l'inflation persistante se conjuguent pour freiner la croissance mondiale. Nous n’anticipons pas de récession mondiale pour 2022, mais la croissance européenne pourrait se ralentir jusqu’à un niveau proche de zéro avant de rebondir, les États-Unis enregistrant de leur côté une croissance proche de la tendance.
- Les contraintes de l'offre sur de nombreux produits de base laissent présager une inflation élevée tout au long de l'année 2022, et donc une forte incitation pour les banques centrales à pencher du côté de la rigueur monétaire.
- Alors que les marchés s’adaptent à l’évolution de la conjoncture économique, nous nous attendons à une volatilité persistante et réduisons par conséquent nos niveaux de risque. D’ici la fin de l’année, nous pourrions observer un soutien aux bénéfices avec la possibilité de meilleures performances lorsque l'incertitude se dissipera.
- Nous ramenons les actions à un niveau neutre avec une préférence pour les États-Unis par rapport à l'Europe. Les actions des marchés émergents sont relativement bon marché, mais la résurgence du COVID-19 en Chine est un facteur défavorable. Nous conservons notre sous-pondération de la duration et restons surpondérés sur le crédit, qui commence à offrir des taux plus attrayants.
Nous avons été témoins au premier trimestre d’un véritable tournant dans la politique monétaire et d’événements tragiques sur le plan géopolitique, qui auront dans les deux cas des répercussions durables en matière d’allocation d'actifs. Sans surprise, les marchés financiers prennent leur temps pour se recalibrer et il est fort probable que la volatilité va perdurer. Malgré la menace d’un important resserrement monétaire, les images bouleversantes de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et les tensions actuelles sur les marchés des matières premières, nous ne prévoyons pas de récession au niveau mondial. Tout en faisant preuve de prudence, nous voyons la possibilité d’une amélioration des performances dans le courant de l'année.
S’il est vrai que les risques de récession ont augmenté, notre scénario de base reste celui d’une croissance mondiale positive soutenue par la solidité des bilans, la résilience des marges et des bénéfices (notamment aux États-Unis) et la demande qui avait été refoulée pendant la pandémie. Il existe des nuances au niveau régional : la croissance européenne pourrait rester relativement plate au 2ème et au 3ème trimestre en raison des contraintes de l’offre et de l’augmentation du coût de la vie qui pèseront sur la consommation. Aux États-Unis, la hausse des prix de l’énergie pourrait freiner la croissance, mais il est peu probable qu'elle provoque un véritable ralentissement de l'activité maintenant que le pays est largement indépendant sur le plan énergétique. En bref, la croissance sera peut-être ralentie, mais nous pensons qu’elle restera positive et proche de la tendance. L’inflation s’avère toutefois plus persistante que prévu, et les répercussions de la guerre en Ukraine sur les matières premières font peser un risque de hausse des prix généralisée en 2022. On observe là encore des nuances régionales : aux États-Unis, l’inflation se manifeste au niveau des loyers et des salaires, amenant la Réserve fédérale (Fed) à durcir rapidement le ton.
En Europe, l’inflation se manifeste davantage au niveau des composantes volatiles. En Chine, elle reste globalement modérée. Il est probable malgré tout que le cycle économique actuel restera caractérisé par une inflation plus élevée et une politique monétaire plus stricte. Il en résultera un environnement nettement différent de celui qui a suivi l’apparition de la pandémie ou de celui de la décennie précédente en matière d’allocation d’actifs.
Le ralentissement de la croissance (sans récession) et la hausse de l'inflation (impliquant une politique monétaire plus stricte) engendrent de la volatilité à mesure que les prix des actifs s’adaptent à ce nouvel environnement. Nous avons donc réduit pour le moment notre niveau de risque, en ramenant notre surpondération des actions en position neutre avec une surpondération des États-Unis par rapport à l’Europe. Nous conservons malgré tout notre légère souspondération de la duration en raison de l’attitude toujours « hawkish » (belliciste) des autorités monétaires. Malgré la persistance de l'inflation, nous voyons de la valeur dans le crédit, qui reflète la solidité du bilan des entreprises.
Notre avis neutre sur les actions reflète l’orientation prise dans nos portefeuilles au cours du premier trimestre. D'un point de vue technique, les actions sont survendues et les valorisations sont moins défavorables. Mais après les résultats sans éclat du quatrième trimestre 2021, nous doutons que les révisions de bénéfices puissent catalyser une nouvelle hausse des actions d’ici la publication des résultats du premier trimestre 2022, en supposant même que les prévisions des entreprises s'améliorent par rapport au ton prudent des derniers rapports trimestriels.
La hausse de l’inflation engendre également des inquiétudes quant aux marges bénéficiaires des entreprises, surtout dans les régions et les secteurs fortement consommateurs d’énergie et de matières premières. L’augmentation globale de la productivité devrait toutefois atténuer l'impact de la hausse des coûts salariaux, de sorte que les marges pourraient dans l’ensemble se révéler plus résistantes que prévu. L'Europe nous semble plus vulnérable à une hausse des coûts susceptible de peser sur les marges, alors que les marges américaines semblent davantage protégées. C’est la raison pour laquelle nous surpondérons les actions américaines avec une légère sous-pondération des actions européennes. Nous conservons pour le moment une pondération neutre des actions des marchés émergents (EM), en surveillant de près l’évolution du COVID-19 et de la politique monétaire en Chine pour guetter les signes d’une amélioration des perspectives des actions émergentes.
Malgré la forte baisse des obligations, nous conservons une sous-pondération de la duration sur l’ensemble des régions, estimant que les courbes des taux vont continuer de s’aplatir à mesure que les taux directeurs remonteront. Sur la base de notre scénario de croissance ralentie sans récession, nous voyons de la valeur dans le crédit et maintenons par conséquent notre surpondération. Les spreads se sont étonnamment bien comportés lors des récentes turbulences des marchés, mais nous pensons que cela est surtout le reflet de la solidité des bilans des entreprises et n’implique pas un « rattrapage à la baisse » du crédit par rapport aux actions. En raison toutefois de la hausse des taux sans risque, nous préférons nous concentrer sur le crédit à duration plus courte.
Dans l'ensemble, nos opinions d'allocation reflètent la réalité du ralentissement de la croissance, sans pour autant anticiper une récession. S’il est vrai que les risques pesant sur la croissance ont augmenté et que le resserrement des conditions financières constitue un vent contraire, nous pensons que la croissance mondiale restera proche de la tendance en 2022. Lorsque les risques commenceront à s’estomper, cela pourrait offrir la possibilité d’une hausse des actifs risqués dans le courant de l'année.
Synthèse et principales idées pour nos solutions multi-actifs
La synthèse et les principales idées sont examinées en profondeur au cours de notre sommet stratégique. Elles reflètent les analyses fondamentales collectives des gérants et des équipes de recherche au sein de notre groupe Multi-Asset Solutions et forment des perspectives communes sur lesquelles nous revenons et que nous testons régulièrement dans toutes nos discussions sur l’allocation d’actifs. Nous utilisons ces idées comme un moyen d’orienter nos allocations et de nous assurer qu’elles sont reflétées dans l’ensemble de nos portefeuilles.
- Les tensions sur l’offre et le resserrement de la politique monétaire entraînent un ralentissement de la croissance, mais pas une récession.
- L’inflation des prix des services maintiendra l’inflation sous-jacente au-dessus de l’objectif en 2022.
- La normalisation de la politique monétaire se poursuivra, avec un resserrement régulier tout au long de l’année.
- Les rendements obligataires augmentent, mais l’inflation et les risques pesant sur la croissance sont des incertitudes majeures.
- Le resserrement de la Fed et les termes de l'échange favorisent le dollar, mais ce sont probablement les facteurs géopolitiques qui domineront.
- Les perspectives de croissance des BPA sont plus limitées, les marges américaines résistent mieux que les marges européennes dans un contexte de ralentissement de la croissance.
- Les perspectives des marchés émergents sont mitigées mais s’améliorent ; l’assouplissement monétaire chinois se heurte à la résurgence du COVID-19.
- Les bilans des entreprises sont résilients, ce qui confère un certain attrait au crédit de courte durée.
- Principaux risques : inflation, risques géopolitiques, tensions sur l’offre, croissance plus faible des BPA.
Opinions en matière d'allocation d’actifs
Ces avis par classe d’actifs s’appliquent sur un horizon de 12 à 18 mois. Les flèches vers le haut ou vers le bas indiquent une évolution positive () ou négative (
) de notre avis depuis le sommet stratégique du trimestre précédent. Ces avis ne doivent pas être interprétés comme une recommandation de portefeuille. La présente synthèse de nos avis par classe d’actifs illustre notre niveau de conviction et nos préférences relatives concernant un large éventail d’actifs, mais reste indépendante de nos considérations de construction de portefeuille.
Source : J.P. Morgan Asset Management Multi-Asset Solutions ; avis basés sur les données et informations disponibles en mars 2022. Informations fournies à titre purement indicatif.
La diversification ne constitue pas une garantie de rendement des investissements et n’élimine pas le risque de perte. La diversification entre les options de placement et les classes d’actifs peut contribuer à réduire la volatilité globale.
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