Opinions sur l’allocation d’actifs – T1 2023
Thèmes et conclusions du sommet stratégique Multi-Asset Solutions
19-12-2022
John Bilton
Jeff Geller
Gary Herbert
Jed Laskowitz
Yaz Romahi
Katy Thorneycroft
Synthèse
- Avec une inflation qui se modère aux États-Unis et des taux directeurs qui devraient atteindre leur pic autour de 5,00 à 5,25 % en début d’année, notre attention se tourne désormais vers le ralentissement de la croissance et les perspectives de bénéfices peu encourageantes. Une légère contraction est de plus en plus probable en 2023 et une récession plus grave n’est pas à exclure.
- Bien que nous anticipions une croissance mondiale inférieure à la tendance pour 2023, le pic du cycle des taux et la diminution de leur volatilité offrent des opportunités aux investisseurs, notamment sur les produits de taux.
- Nous continuons de sous-pondérer les actions, car nous anticipons de nouvelles baisses de bénéfices. Nous sommes neutres sur la duration, avec une préférence pour les bons du Trésor américain (UST) par rapport aux autres titres souverains ; nous passons en surpondération sur le crédit, mais cela concerne spécifiquement les titres de meilleure qualité (IG).
- En ce qui concerne les actions, nous avons tendance à privilégier les marchés développés qui offrent des valorisations plus favorables que celles des actions américaines. L’affaiblissement du dollar et la réouverture de la Chine ravivent par ailleurs notre intérêt pour les actions des marchés émergents.
Le retournement du marché baissier qui a caractérisé le quatrième trimestre de 2022 est en train de s’essouffler. L’espoir d’un changement plus rapide que prévu de la politique monétaire américaine, alimenté par une inflation qui s’est modérée, s’est heurté à la réalité d’un marché de l’emploi encore tendu, qui maintient les responsables monétaires dans une position « hawkish ». Nous nous attendons à une baisse de l’inflation en 2023, mais pas suffisamment rapide pour justifier un assouplissement de la politique monétaire. Notre attention se tourne par conséquent vers le ralentissement de la croissance et les perspectives de bénéfices peu encourageantes qui l’accompagnent, la trajectoire de la réouverture chinoise et le risque de nouvelles tensions dans le domaine de l’énergie.
Peu d’investisseurs regretteront l’année 2022. Pourtant, même si certaines des difficultés de l’année se prolongeront pendant les premiers mois de 2023, les opportunités d’investissement sont en train de s’améliorer, notamment en ce qui concerne les titres obligataires de qualité supérieure.
Une période prolongée de croissance inférieure à la tendance au niveau mondial nous semble inévitable pour 2023. Le risque d’une légère récession aux États-Unis a augmenté. L’Europe est peut-être déjà en récession, même si la gravité de celle-ci est probablement moindre que ce qui était craint à l’origine. De son côté, la Chine s’apprête à abandonner sa politique « zéro COVID ». Bien que cette évolution soit bienvenue, nous nous méfions malgré tout d’une réouverture chaotique.
L’inflation est en train de se modérer, mais reste inconfortablement élevée. On peut donc en conclure que les taux directeurs sont plus susceptibles de marquer une pause à un niveau élevé que de s’inverser brusquement.
Les investisseurs continuent pourtant d’anticiper un retournement rapide des taux directeurs. Les marchés obligataires et monétaires semblent avoir largement intégré le risque de récession, mais les marchés du crédit et des actions ne le reflètent pas encore complètement.
Nous pensons que la Réserve fédérale (Fed) interrompra ses hausses de taux aux alentours de 5,00 à 5,25 % au 1er trimestre 2023, ce qui correspond globalement au niveau anticipé par les prix de marché. La Fed devrait malgré tout rester attentiste pendant le reste de l’année, mais nous pensons que l’économie américaine est suffisamment résiliente pour supporter ce niveau de taux. Alors que l’inflation devrait passer de 7 % et plus à près de 3 % d’ici la fin de l’an prochain, nous estimons qu’un taux réel des fonds fédéraux d’environ 1,5 % serait conforme à l’interprétation de la politique de resserrement de la Fed.
Dans ces conditions, il est clair que l’économie se ralentit vers un rythme de croissance inférieur à la tendance. Une légère contraction est de plus en plus probable et une récession plus grave n’est pas à exclure. Cependant, la vigueur du marché de l’emploi, la relative bonne santé des entreprises et du secteur bancaire, et l’excédent d’épargne résiduel issu de la pandémie sont autant d’amortisseurs économiques qui encouragent clairement la Fed à faire ce pari. En Europe, les chiffres économiques affichent davantage de résilience qu’on ne le craignait, ce qui laisse à penser que les perspectives moroses de la mi-2022 se sont améliorées, mais pas de beaucoup, et certainement pas suffisamment pour compenser les risques qui pèsent sur la croissance et les bénéfices.
La croissance mondiale inférieure à la tendance, la modération de l’inflation et la politique monétaire toujours restrictive, mais stable, créeront un environnement d’investissement différent en 2023. S’il est probablement justifié de réduire l’exposition au risque et de sous-pondérer les actions pendant les premiers mois de 2023, il pourrait également être intéressant d’augmenter le poids de la duration et de profiter du portage (« carry ») offert par les obligations de qualité supérieure. Le pic des taux directeurs de la Fed annonce également un affaiblissement potentiel du dollar plus tard dans l’année, ce qui ouvre la porte à un large éventail d’opérations de valeur relative sur l’ensemble des marchés d’actions.
Nous abordons 2023 en sous-pondérant les actions, mais avec une conviction moins marquée. Nous sommes globalement neutres sur la duration, tout en étant prêts à ajouter de la duration en cas de faiblesse et à augmenter notre exposition au crédit IG, notamment sur la partie à court terme de la courbe des taux. La perspective d’un affaiblissement du dollar et les valorisations plus favorables nous incitent à privilégier légèrement les marchés d’actions hors États-Unis. En ce qui concerne toutefois les obligations souveraines, nous continuons de privilégier les bons du Trésor américain par rapport aux obligations des pays centraux de l’Europe.
Notre surpondération du crédit concerne spécifiquement les titres de meilleure qualité. Les spreads des obligations à haut rendement (HY) sont inconfortablement étroits, et malgré des rendements totaux attrayants, les taux de défaillance sont voués à augmenter par rapport à leurs faibles niveaux actuels. Sachant que la volatilité des taux devrait se réduire dans les mois à venir, nous pensons que des opportunités de portage attrayant devraient apparaître sur le marché américain du crédit IG, sur certains segments du crédit européen, et même sur certains segments de la dette des marchés émergents. Nous conservons une exposition au marché monétaire dans un contexte de hausse des rendements réels, tout en voyant beaucoup plus d’opportunités de faire travailler ce capital que ce n’était le cas il y a six mois.
Toujours prudent à court terme, notre positionnement est clairement conçu pour une période de croissance ralentie. Cependant, comme le soulignaient il y a quelques semaines nos « hypothèses relatives au marché des capitaux à long terme », la remise à niveau des rendements et des valorisations observée cette année offre aux investisseurs le meilleur point d’entrée de ces dix dernières années. Ils peuvent en profiter dans un premier temps par le biais des obligations, qui commencent à offrir des opportunités de portage intéressantes, puis par celui des actions, lorsque le cycle de révision à la baisse des bénéfices sera plus avancé après les premiers mois de 2023.
Synthèse et principales idées pour nos solutions multi-actifs
La synthèse et les principales idées sont examinées en profondeur au cours de notre sommet stratégique. Elles reflètent les analyses fondamentales collectives des gérants et des équipes de recherche au sein de notre groupe Multi-Asset Solutions et forment des perspectives communes sur lesquelles nous revenons et que nous testons régulièrement dans toutes nos discussions sur l’allocation d’actifs. Nous utilisons ces idées comme un moyen d’orienter nos allocations et de nous assurer qu’elles sont reflétées dans tous nos portefeuilles.
Opinions en matière d’allocation d’actifs
Ces avis par classe d’actifs s’appliquent sur un horizon de 12 à 18 mois. Les flèches vers le haut ou vers le bas indiquent une évolution positive ( ) ou négative (
) de notre avis depuis le sommet stratégique du trimestre précédent. Ces avis ne doivent pas être interprétés comme une recommandation de portefeuille. La présente synthèse de nos avis par classe d’actifs illustre notre niveau de conviction et nos préférences relatives concernant un large éventail d’actifs, mais reste indépendante de nos considérations de construction de portefeuille.
Source : J.P. Morgan Asset Management Multi-Asset Solutions ; avis basés sur les données et les informations disponibles en décembre 2022. Informations fournies à titre purement indicatif. La diversification ne constitue pas une garantie de rendement des investissements et n’élimine pas le risque de perte. La diversification entre différentes options de placement et catégories d’actifs peut contribuer à réduire la volatilité globale.
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