Synthèse
- Après la nette progression des marchés actions en 2024, nos investisseurs estiment que la plupart des marchés offrent des opportunités raisonnables mais pas exceptionnelles et ils optent pour une allocation relativement habituelle aux actions. Ils sont peu à penser que le moment est idéal pour investir de manière agressive, mais la plupart tablent sur des performances décentes au cours des deux prochaines années.
- Les bénéfices restent solides et augmentent dans la plupart des régions. Toutefois, la dynamique ralentit et certains de nos investisseurs estiment que les prévisions d’une nouvelle augmentation des marges en 2025 sont trop optimistes. Quant aux valorisations, elles sont élevées aux États-Unis et en Inde, mais beaucoup plus modérées sur les autres marchés.
- Nos préférences restent inchangées et nombre de nos investisseurs renforcent leur exposition aux actions plus défensives, aux valeurs de grande qualité et aux actions décotées (value). Le débat sur l’intelligence artificielle (IA) fait toujours rage et notre équipe compte plus de sceptiques que d’optimistes sur le sujet, du moins à court terme.
Bilan des derniers mois
Depuis notre dernier comité d’investissement en juillet, nos projections relatives à la croissance des bénéfices mondiaux ont légèrement diminué, sous l’effet des secteurs de l’énergie (baisse des prix du pétrole) et de l’Europe (économie en berne). Mais dans l’ensemble, nous misons sur une croissance régulière des bénéfices, alimentée par les États-Unis. D’après nos recherches, l’année 2025 sera encore un bon cru en matière de bénéfices. Nous prévoyons une croissance des bénéfices de 12 % au niveau mondial, une fois de plus tirée par les États-Unis et certains marchés émergents. La croissance des bénéfices pourrait se généraliser sur le marché américain, mais dans le même temps, les prévisions pour certains des secteurs les plus cycliques (automobile, matériaux et énergie) ont fortement diminué ces dernières semaines.
La situation est complexe, avec de nombreux « mini-cycles » qui se succèdent à différents moments sur le marché. Par exemple, cela fait trois ans que le secteur de l’aménagement intérieur voit ses bénéfices baisser, ce qui est une conséquence prolongée du boom observé durant la pandémie et qui est sur le point de se dissiper. Le secteur automobile est lui aussi mis à mal depuis peu, tant sur le marché américain que sur les marchés internationaux. Même au sein des secteurs, nous constatons des divergences importantes entre les gagnants et les perdants. L’exemple des semi-conducteurs est très parlant en raison des dépenses massives dans le domaine de l’IA, mais la demande des secteurs industriel/automobile reste obstinément faible. L’analyse de chaque entreprise et la sélection des valeurs individuelles restent essentielles pour prendre des décisions d’investissement judicieuses.
Parallèlement, les tendances à l’œuvre sur les marchés sont très disparates d’une région à l’autre. L’enthousiasme suscité par les entreprises les plus dynamiques s’est un peu étiolé au troisième trimestre tant aux États-Unis qu’en Europe, ce qui a profité aux actions moins valorisées et versant des dividendes.
Bien entendu, cela n’entame en rien la prédominance à long terme des valeurs de croissance, que ce soit sur l’année écoulée ou sur la dernière décennie. Selon nos analyses des valorisations, les petites et moyennes capitalisations présentent des décotes inhabituellement élevées presque dans toutes les régions.
L’écart entre les valeurs de croissance et les actions décotées (value) reste important, en particulier sur le marché américain.
Compte tenu de la croissance des bénéfices et des valorisations globalement proches des moyennes à long terme, nos investisseurs s’attendent à des performances raisonnables. Comme lors de notre dernier Comité trimestriel, nos choix sont plutôt prudents : nous privilégions les valeurs défensives, les titres value et les valeurs de grande qualité. Notre équipe de gestion de portefeuille fait preuve d’une extrême prudence à l’égard des valeurs liées à l’IA et du marché indien, dont les valorisations sont élevées.
Les performances boursières vont-elles s’élargir à tous les secteurs ? Savoir décrypter les dernières données.
Après une période inédite marquée par une concentration extrême des performances sur le marché américain, on peut légitimement se demander quand les 493 valeurs les moins en vogue de l’indice composite S&P 500 vont retrouver la faveur des investisseurs. Voici comment nous interprétons les dernières données.
Nous anticipons une « généralisation » des performances boursières. Tout d’abord, selon nos analyses, le différentiel de croissance des bénéfices entre les méga-capitalisations du secteur technologique et les autres se réduit progressivement et restera sur cette trajectoire l’année prochaine. Selon nous, les « 7 Magnifiques » (les grands groupes technologiques) vont surperformer les 493 autres sociétés du S&P 500 d’environ 30 % cette année. Cet écart devrait néanmoins retomber à 13 % en 2025 et continuer à diminuer à plus long terme (Graphique 1). Deuxièmement, les plus grosses entreprises présentent des primes de valorisation presque record et rarement le facteur « taille » a été aussi onéreux dans le résultat de nos analyses.
Cette « généralisation » des performances fait face à un argument de poids : en effet, les révisions de bénéfices des grands groupes technologiques se révèlent positives depuis de nombreuses années, ce qui n’incite pas les investisseurs en quête de croissance à changer de cap. Depuis près de 20 ans, le cocktail gagnant a été celui d’une croissance soutenue des chiffres d’affaires et d’une génération massive de flux de trésorerie disponible. A contrario, les performances du reste du marché ont été beaucoup plus modestes.
Comme toujours, la sélection des valeurs individuelles reste pour nous le pilier de notre approche. Les « 7 Magnifiques », et d’ailleurs les 493 autres entreprises de l’indice de référence S&P 500, ne sont pas des entités uniques à privilégier ou à délaisser, mais des entreprises individuelles présentant des opportunités très différentes. C’est ce constat qui guide nos stratégies d’investissement. La plupart de nos gérants sont très exposés à Amazon, Nvidia, Microsoft et Meta, mais ils sont plus prudents concernant Tesla et Apple. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, ce sont nos décisions de sélection des valeurs qui déterminent nos performances.
Chine : Rebond boursier après le plan de relance et signes d’amélioration des performances des actionnaires
Cette année, le marché chinois a été le théâtre des fluctuations les plus marquées des marchés actions. Le train de mesures de relance du gouvernement, assez inattendu et censé relancer l’économie, a provoqué un rebond de 30 % et une rotation radicale sur le marché des actions chinoises en seulement une semaine. Cette annonce a permis à certaines sociétés en difficulté, mais exposées à l’économie chinoise, de reprendre des couleurs.
Il faudra naturellement du temps pour évaluer l’impact réel de ces nouvelles mesures. Toutefois, selon notre équipe dédiée à la Chine, le gouvernement veut montrer qu’il est déterminé à faire tout ce qu’il faut pour empêcher une nouvelle détérioration de l’économie et des marchés financiers.
Depuis ces fluctuations, la valorisation du marché chinois n’est plus du tout au plus bas et il existe encore un potentiel haussier important si les investisseurs locaux reviennent en force sur le marché.
Comparées aux obligations en devise locale, les actions sont encore très bon marché.
Nos investisseurs estiment que les perspectives économiques de la Chine sont encore très périlleuses et les bénéfices des entreprises restent à la fois faibles et imprévisibles. Nous sommes toutefois rassurés par le changement de cap de certaines grandes entreprises très rentables qui commencent à accorder un peu plus d’attention aux actionnaires, en versant des dividendes et en rachetant leurs actions. Alibaba, JD.com et Moutai ont récemment décidé de proposer ou d’accroître leurs dividendes et leurs rachats d’actions (Graphique 2). Bien que cette tendance n’en soit qu’à ses prémices, une croissance économique plus modérée et une rigueur accrue en matière de capital pourraient très bien se traduire par une rémunération accrue pour les actionnaires.
Nos portefeuilles dédiés aux marchés émergents continuent pour la plupart à sous-pondérer légèrement la Chine et privilégient des valeurs de grande qualité capables de mieux rémunérer leurs actionnaires. Comme toujours, nous pensons être davantage en mesure d’analyser les fondamentaux des entreprises que de prévoir les fluctuations du sentiment sur le plan macroéconomique.
Le Graphique 3 présente les opinions des membres de notre équipe. Nombre d’entre eux privilégient les valeurs défensives et de bonne qualité et restent sceptiques quant à l’enthousiasme suscité par l’IA.
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