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La politique française est un peu un monde à part. Le Nouveau Front populaire remporte une victoire, la deuxième pour un parti de gauche, après l’écrasante défaite des conservateurs au Royaume-Uni.

Les investisseurs savaient que 2024 serait une année d’élections. Or, l’issue étonnante des élections françaises est d’autant plus singulière qu’elles n’étaient pas prévues au calendrier.

Que s’est-il passé?

Après la défaite cuisante de la coalition centriste aux élections du Parlement européen, le président français Emmanuel Macron a pris la décision surprenante de tenir des élections anticipées en un scrutin à deux tours (le 30 juin et le 7 juillet) pour prendre le pouls de la population. Malheureusement, l’issue ne lui a pas été favorable.

Lors du premier tour, le parti de M. Macron a glissé en troisième position, soit derrière le parti de gauche/d’extrême gauche (le Nouveau Front populaire) et le parti d’extrême droite – le Rassemblement national (RN) – en tête. Le taux de participation a été étonnamment élevé, en fait, le plus élevé depuis 1997, à près de 70 %. Ce taux s’est maintenu au second tour. Toutefois, c’est le parti de gauche/d’extrême gauche, le Nouveau Front populaire, qui a remporté le tour avec une majorité relative, empêchant ainsi le parti d’extrême droite d’obtenir une majorité absolue/relative, ce qui aurait suscité une vive inquiétude sur les marchés. Par contre, ces élections ont tout de même abouti à un parlement sans majorité.

Il est difficile de savoir aujourd’hui de quelle façon cette impasse sera surmontée. Une grande coalition pourrait être formée pour étendre le parti centriste, à la gauche comme à la droite, ou de nouvelles élections pourraient être tenues dans un an. Ce résultat a certainement affaibli la coalition de Macron et rendra beaucoup plus difficile le maintien de ses politiques centristes. La France compte aujourd’hui deux partis forts aux antipodes qui fragiliseront tout nouveau gouvernement et son pouvoir de légiférer.

Qu’en est-il du climat politique mondial?

La politique française est un peu un monde à part. Le Nouveau Front populaire remporte une victoire, la deuxième pour un parti de gauche, après l’écrasante défaite des conservateurs au Royaume-Uni. Or, rien n’indique que cette tendance s’immiscera dans les élections américaines de novembre, mais on l’observe certainement partout : les électeurs excédés rejettent le statu quo et sont prêts à essayer d’autres avenues, quitte à ce qu’elles soient radicalement différentes. La montée du populisme et de la polarisation nuit grandement au législatif, ce qui risque d’empêcher les politiciens de bien s’adapter aux conditions économiques.

Cette conjoncture continuera-t-elle de freiner les marchés européens?

Au cours des prochains mois, les marchés européens pourraient demeurer volatils et donc assombrir l’optimisme à leur égard. Toutefois, les marchés ont réagi favorablement au second tour des élections portés par une majorité franche contre l’extrême droite, les bons résultats du parti de M. Macron et la possibilité d’un gouvernement centriste qui leur est plus favorable. Les écarts de la zone euro devraient donc revenir à un environnement moins volatil au cours de l’été, même si la France reste quelque peu perturbée. En outre, l’embellie économique, les valorisations européennes intéressantes, le renforcement du cadre institutionnel de l’UE et des mesures de soutien monétaire de la BCE pourraient transformer toute liquidation provoquée par les élections en une occasion d’achat.

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