L’élection présidentielle du 3 novembre sera l’événement politique de l’année. S’il semble fort probable que Donald Trump soit nommé par le parti républicain, l’identité du candidat qui sera choisi par le parti démocrate reste très incertaine. On distingue actuellement trois favoris pour la nomination : Joe Biden, le candidat le plus centriste, aux côtés de Bernie Sanders et Elizabeth Warren, à l’aile gauche du parti. Tous deux préconisent un changement profond de la politique, avec notamment une refonte du système de santé, le démantèlement des grandes banques et sociétés technologiques, l’interdiction du fracking ainsi que la mise en place d’impôts sur la fortune et l’augmentation des impôts sur les sociétés. En comparaison, les politiques proposées par Joe Biden sont modérées, mais elles comprennent tout de même la suppression des allègements fiscaux de 2017. Michael Bloomberg et Pete Buttigieg sont deux autres candidats plus centristes qui, même s’ils ne figurent pas actuellement dans les favoris, sont à surveiller. Le soutien peut basculer d’un côté comme de l’autre tout au long du processus. Par exemple, Barack Obama a renversé l’avance considérable qu’avait Hilary Clinton dans les sondages, puis a remporté la nomination du parti démocrate et l’élection de 2008.
Nous devrions avoir une image plus précise du potentiel candidat démocrate d’ici la fin du mois de mars, lorsque les deux tiers des résultats de l’élection primaire (par nombre de délégués) seront connus. Les élections primaires sont suivies du congrès national de chacun des partis, au cours duquel les candidats sont officiellement choisis. Les débats présidentiels ont ensuite lieu en septembre et en octobre, avant que les grands électeurs américains ne votent le 3 novembre (voir l’Illustration 1 pour une chronologie des dates clés).
Illustration 1 : Dates clés de l’élection présidentielle américaine de 2020
Source : J.P. Morgan Asset Management. Au 31 décembre 2019.
Qui est susceptible de remporter les élections ? Historiquement, les présidents en exercice remportent souvent les élections : près de trois présidents sur quatre ont été réélus depuis 1932. Depuis, un président en exercice est toujours parvenu à se faire réélire, sauf si son mandat a été marqué par une récession, ce qui explique peut-être pourquoi le président a récemment adopté un ton plus conciliant en matière de commerce. La cote de popularité du président Donald Trump est toutefois inférieure à celles des autres présidents en exercice lorsqu’ils ont été réélus.
Il convient de garder à l’esprit que l’influence qu’un président peut avoir sur l’économie et le marché dépend de sa capacité à faire promulguer des lois. Pour pouvoir mettre en place des politiques plus controversées, il est indispensable d’avoir le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat. Il est difficile d’imaginer Donald Trump reprendre le contrôle de la Chambre des représentants, s’il devait gagner. De même, il est difficile d’imaginer le Sénat basculer vers une majorité démocrate. Un Congrès divisé semble donc être l’issue la plus probable. Bien que l’absence d’une majorité ne soit pas un scénario idéal, les investisseurs seront peut-être rassurés d’apprendre que cela permettrait de faire obstacle à certaines des propositions les plus radicales, d’un côté comme de l’autre. Indépendamment de l’issue des élections, il semble peu probable que le conflit commercial avec la Chine soit réglé. Les sondages révèlent que les grands électeurs américains sont largement en faveur d’une lutte contre les pratiques commerciales déloyales (voir l'Illustration 2).
Nous nous attendons à ce que la Réserve fédérale (Fed) ait peur d’être soupçonnée de s’immiscer dans la vie politique en influençant l’élection par ses décisions. Il est donc probable que les taux d’intérêt restent inchangés en 2020 (après trois baisses des taux en 2019) si les perspectives économiques ne connaissent aucun changement important et ne poussent pas la Fed à agir.
Du côté des marchés boursiers, il est difficile de réellement se prononcer sur les répercussions possibles de l’élection. Par le passé, la volatilité de l’indice S&P 500 était généralement plus élevée pendant les années électorales que pendant les années sans élection, les marchés ne cessant de réviser les cours en fonction des politiques du gouvernement dont ils anticipent l’élection. Les marchés ont également tendance à réagir plus positivement juste après l’élection d’un président républicain, les politiques du parti républicain étant généralement considérées comme plus favorables au marché que celles du parti démocrate. Il convient toutefois de noter qu’il ne s’agit en aucun cas d’une règle générale et que d’autres événements géopolitiques et économiques significatifs peuvent avoir une influence bien plus importante sur les marchés.
Illustration 2 : Électeurs américains ayant une opinion défavorable de la chine en
Source : Pew Research Center (Spring 2019 Global Attitudes Survey), J.P. Morgan Asset Management. Données au 31 décembre 2019.