Au cours de l'année, nous sommes devenus nettement plus pessimistes quant au fait que ces tensions commerciales aboutiront à une résolution amiable à court terme.
Maria Paola Toschi
Que s’est-il passé cette année ?
Comme le montre le Graphique 1, les États-Unis et la Chine se sont trouvés au coeur de tensions commerciales croissantes à l’échelle mondiale. Au début de l’année 2018, les États-Unis ont commencé à imposer des droits de douane sur les importations de panneaux solaires, de machines à laver et de métaux. Le montant total de ces importations en dollars était relativement limité. Puis, durant l’été 2018 les États-Unis ont commencé à taxer les importations chinoises à hauteur de 50 milliards de dollars US et, en septembre, ont annoncé que des droits de douane seraient imposés sur 200 milliards de dollars US d’importations chinoises supplémentaires.
La Chine a riposté en mettant en oeuvre trois vagues de droits de douane sur des biens importés des États-Unis. Le montant en dollars a été moins élevé, la Chine important moins de biens des États-Unis que le contraire.
Pendant un temps, les États-Unis ont envisagé d’augmenter les droits de douane sur les importations de l’Union européenne, mais cette décision a été mise de côté pour l’instant. En juillet, un accord visant à oeuvrer pour une baisse des droits de douane et à envisager la réduction des barrières commerciales a été mis en place par les autorités des États-Unis et de l’Union européenne.
Les tensions entre les États-Unis et ses pays voisins, le Canada et le Mexique, se sont également apaisées. L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) a été abandonné, mais il sera remplacé par l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC).
Qu’est-ce que cela signifie pour les marchés mondiaux ?
Les États-Unis constituent un partenaire commercial important pour de nombreuses économies (Graphiques 2, côté gauche). L’aggravation des tensions commerciales est l’une des raisons pour lesquelles la croissance du commerce mondial a connu une baisse cette année, après avoir culminé en 2017 (Graphiques 2, côté droit). Les indices des directeurs d’achats du secteur manufacturier dans les pays développés comme dans les pays émergents ont affiché une certaine faiblesse, en particulier concernant les nouvelles commandes à l’exportation. Cependant, la résistance affichée par la croissance du commerce dans les pays émergents trouve sa source dans les économies émergentes asiatiques, où la croissance de la consommation locale et l’augmentation des sociétés du secteur des technologies se montrent plus résistantes.
Le marché fait actuellement face à deux inquiétudes principales. La première est la mesure dans laquelle l’augmentation des droits de douane relèvera les coûts aux États-Unis et pèsera sur l’investissement des entreprises. La seconde est l’incidence sur la croissance chinoise et les conséquences ultérieures sur les actifs des marchés émergents. Il est toutefois de plus en plus évident que la Chine prévoit de répondre en prenant des mesures de relance supplémentaires pour soutenir la croissance de l’économie intérieure. Le gouvernement chinois commence à intensifier ses mesures de relance monétaires et fiscales, ce qui pourrait se révéler utile pour limiter les répercussions négatives des tensions commerciales croissantes à l’échelle mondiale.
Il est possible que le conflit entre les États-Unis et la Chine s’envenime plus encore. Le président des États-Unis a menacé de taxer l’ensemble des 500 milliards de dollars américains d’importations chinoises, ce qui se traduirait par des taxes à l’importation à hauteur environ de 2,5 % du PIB américain. Une telle aggravation du conflit est susceptible de peser de façon significative sur l’économie des États-Unis comme de la Chine.
Compte tenu des répercussions éventuelles sur les prix et l’activité économique aux États-Unis, cette aggravation ne correspond pas à notre scénario de base. Nous ne pouvons toutefois pas affirmer avec certitude qu’elle n’aura pas lieu. Après tout, les tensions commerciales semblent motivées par des raisons politiques, et non économiques. C’est pour cela qu’il convient de surveiller étroitement le risque et de faire preuve de flexibilité dans le cadre de la composition de nos portefeuilles.